Soins de l’animal âgé.

Pour la plupart des propriétaires, constater les premiers signes de vieillissement chez son animal de compagnie est une source d’inquiétudes.
Après plusieurs années de compagnonnage, le lien affectif est grand et dépasse largement certaines considérations financières.
Dans ce contexte, l’équipe vétérinaire représente un pôle de réconfort et un pool d’interlocuteurs professionnel.
La gestion du patient gériatrique impose une approche multimodale tenant compte de possibles maladies existantes. L’AAHA vient de publier ses recommandations.

Quand parle-t-on d’un animal Senior ?
Selon l’AAHA*, un animal entre dans la catégorie « senior » lorsqu’il entre dans le dernier quart de son existence entre 7 et 10 ans pour le chien. Pour le chat, l’âge charnière a été défini à 10 ans.

Spécificités et approche médicale
Plusieurs phénomènes biologiques induits par le vieillissement peuvent apparaitre.
Ils incluent :
– le « syndrome de fragilité », qui se manifeste par un déclin de la santé du patient et une perte de ses fonctions cognitives ;
– « l’immunosénescence », c’est à dire une perte de compétence du système immunitaire, qui augmente le risque d’exposition à certaines affections infectieuses, tumorales et auto-immunes ;
– l’« inflammaging » (contraction de « inflammation » et « aging »), qui correspond à un état inflammatoire de bas grade évoluant à long terme. Chez l’humain, ce phénomène se traduit par des maladies chroniques, telles qu’Alzheimer ou Parkinson.
Lors de la première consultation l’équipe vétérinaire fera le bilan du mode de vie, des habitudes alimentaires et du comportement de l’animal à son domicile.

L’AAHA recommande annuellement, une numération de la formule sanguine, une biochimie (rein & foie) et ionogramme (électrolytes), un examen urinaire, une évaluation de la concentration en hormone thyroïdienne (T4), une mesure de la pression artérielle, une coproscopie annuellement (cfr tableau en annexe). Ces examens peuvent être effectué lors du bilan annuel de santé accompagné ou non d’une mise a jour de la protection vaccinale.
Les traitements, compléments nutritionnels ou produits hygiéniques seront listés afin de prévenir toute interaction médicamenteuse et optimiser leur action.

La démarche du vétérinaire se concentrera sur la détection d’affections gériatriques. La prévalence des atteintes dentaires (gingivites, parodontites, fractures pathologiques en cas d’ostéopénie, tumeurs) est particulièrement grande chez les animaux âgés de petit gabarit et doit motiver un examen approfondi de la cavité buccale. Les néoplasmes “carcinomes à cellules squameuses” et les “mélanomes” prédominent, respectivement chez le chat et le chien.

L’âge du patient n’est pas un facteur contre-indiquant une procédure anesthésique. L’évaluation préalable de la balance bénéfices-risques est capitale.
Une préoxygénation est recommandée en cas d’affection cardiaque ou pulmonaire. La mise en œuvre d’un protocole anesthésique bien balancé et un monitoring rapproché contribue à minimiser les risques pré- et peropératoires (cfr article anesthésie).

L’utilisation d’échelles d’évaluation de la douleur (notamment liée à l’arthrose) permet d’adapter la dose d’opioïdes administrés et de limiter leurs effets indésirables.

Le recueil d’une symptomatologie évocatrice (léthargie, dysorexie, perte de poids, modifications comportementales, syndrome polyuro-polydipsie, difficultés locomotrices, etc.) doit orienter la réalisation d’examens complémentaires.

Consultation préliminaire.
Au cours de cette consultation préliminaire, il est primordial d’agir de concert avec le propriétaire. Ses motivations et les considérations affectives et/ou financières, sont évaluées afin de personnaliser la prise en charge thérapeutique.

Mesures nutritionnelles et hygiéniques
L’animal âgé présente des besoins énergétiques de maintenance variables, dépendants de son mode de vie et de sa condition médicale sous-jacente.
Un ajustement nutritionnel peut s’avérer nécessaire avec pour objectif une note d’état corporel de 4,5/9 chez le chien et de 6/9 chez le chat.
L’obésité s’accompagne d’une baisse d’activité, d’une aggravation des affections ostéo-articulaires et est corrélée à une réduction significative de l’espérance de vie (cfr Gestion de l’obésité : les bons conseils).

La ration peut être complétée par une source d’antioxydants ou d’omégas 3. Leur effet bénéfique a été démontré dans la gestion d’affections gériatriques, dont le syndrome de dysfonction cognitive.

L’environnement a un impact direct sur la qualité de vie de l’animal âgé. Le propriétaire recevra des conseils quant aux ajustements et aux enrichissements possibles à effectuer.

Accompagnement de fin de vie
La dégradation de la qualité de vie d’un animal est source de questionnements et peut introduire une discussion autour de la fin de vie. La compréhension des limites émotionnelles, physiques, financières du propriétaire est fondamentale.

Empathie et bienveillance sont les clés d’un accompagnement satisfaisant, inclue l’ensemble de l’équipe vétérinaire.

* AAHA: “American Animal Hospital Association”