Cryptorchidie : Quand les testicules restent coincés !

Cryptorchidie ou ectopie testiculaire (= testicule hors des bourses). Cette dénomination désigne l’une des anomalies du développement les plus courantes chez nos amis à 4 pattes. Soit le(s) testicule(s) ne s’est/se sont pas développés ou ce(s) dernier(s) n’est/ne sont pas descendu(s) dans le sac scrotal.
Une distinction supplémentaire peut être faite : Un animal dit « anorchide » n’a aucune croissance testiculaire tandis qu’un « monorchide » ne voit qu’un seul de ses testicules non développés.

Chez qui ?

Les chiens et les chats peuvent être touchés. Cependant, les premiers sont beaucoup plus souvent atteints. La prévalence de la cryptorchidie chez le chien est de 0,8 % à 10 % et se retrouve plus souvent chez certaines races comme les Berger allemand, les Berger des Shetland, les Boxer, les Bulldog anglais, les Caniche, les Husky sibérien, et surtout dans les petites races comme le Chihuahua, le Loulou de Poméranie, le Schnauzer nain, le Teckel et le Yorkshire terrier, notamment.
Chez le chat, « seulement » 1 à 3.8% en souffrent et l’on retrouve plus souvent cette affection chez le Persan et le Ragdoll.

Comment le diagnostiquer ?

Tout d’abord, il faut savoir que les testicules migrent généralement de la cavité abdominale vers le scrotum en 2 à 4 mois. Maximum 6 mois pour le chien et 7-8 mois pour le chat. Notons qu’il existe des variations raciales. C’est à partir de ce moment que l’on peut poser un diagnostic de cryptorchidie.
La palpation de la zone périnéale de votre chien ou de votre chat permet de vous assurer de sa bonne conformité. Sinon, en cas de doute, votre vétérinaire est tout disposé à vous éclairer et pourra grader la cryptorchidie. En effet, il faut mettre en évidence si le(s) testicule(s) existe(nt) ou non (monorchidie/ anorchidie) et s’il(s) existe(nt) : où il(s) se situe(nt)? Il peut se trouver n’importe où entre l’origine de son développement (cavité abdominale, près du rein) et le scrotum via le canal inguinal. Selon la localisation (Abdominale/ inguinale/ inguino-scrotale), le site d’abord chirurgical sera différent.
Dans la grande majorité des cas, le problème est unilatéral et très souvent du côté droit.
Cela dit, les testicules ectopiques, lorsqu’ils existent, sont souvent atrophiés et il peut être (très) difficile de les situer par palpation. Votre vétérinaire aura alors recours à une échographie pour le localiser. Laquelle permettra d’anticiper l’intervention chirurgicale avec plus de sûreté.
Si aucun testicule n’est présent, il peut s’avérer nécessaire d’effectuer un dosage hormonal pour discerner le cas : Est-on en présence d’une cryptorchidie bilatérale (testicules existants mais non descendus) ou d’une anorchidie (testicules non développés). Chez le chat, il suffit d’observer la présence ou non de spicules (petits picots) sur son pénis : La présence de ces derniers dépend de la sécrétion hormonale des testicules.

Pourquoi opérer ? Les conséquences ?

Les testicules de la vaste majorité des mammifères sont contenus dans les bourses testiculaires afin de diminuer leur température. En effet, la chaleur nuit à la spermatogenèse (création de spermatozoïdes).
Les testicules doivent être à température appropriée Pour bien fonctionner. Cette température inférieure protège aussi des mutations cellulaires ! Car un testicule ectopique a environ 15 fois plus de chance de produire des cellules cancéreuses. Sans compter les risques de torsion testiculaire; plus rare que la propension à la mutation mais qui reste une urgence en soi.
L’autre raison est d’ordre éthique : en effet, nous savons que la tendance à la cryptorchidie a une part de composante génétique. Les éleveurs ont donc un rôle capital pour limiter drastiquement les risque de transmission de cette tare aux générations suivantes.
Les suites de l’opération sont identiques à celle d’une castration classique : le métabolisme se trouve modifié et l’animal a tendance à prendre du poids. Un régime adapté et une pesée régulière suffisent à monitorer les éventuels troubles.

Au niveau pronostic ?

Ce dernier est généralement très bon. Bien que la castration d’un animal avec testicule(s) ectopique(s) s’avère plus compliquée elle ne diffère pas tellement d’une castration classique pour le patient. Quelques jours de repos suffiront généralement après opération.

Ce qui va majoritairement faire varier le pronostic est la décision de stériliser votre animal au plus tôt pour ne pas laisser le temps à une tumeur de se développer.

Si des questions persistent après la lecture de cette brève présentation, n’hésitez pas à nous contacter via: info@teamvetcare.be

Pour les plus curieux voici une brève bibliographie –
– Ortega‐Pacheco, A., et al. “Pathological conditions of the reproductive organs of male stray dogs in the tropics: prevalence, risk factors, morphological findings and testosterone concentrations.” Reproduction in domestic animals 41.5 (2006): 429-437.
– Goericke-Pesch, S., and A. Wehrend. “Cryptorchidism in dogs and cats-definition, prevalence, diagnosis and therapy.” Praktische Tierarzt 94.11 (2013): 974-981.
– Farghali, H. A., et al. “Prevalence of most common feline genital surgical affections in teaching veterinary hospital, Cairo university, Egypt and different pet clinics.” Adv. Anim. Vet. Sci 8.7 (2020): 709-719